A Cannes, on monte les marches. Au Festival de caves, on les descend. Pour se retrouver dans un lieu humide où bruits et lumières ne parviennent qu’atténués, où l’imaginaire est à son aise, où le théâtre est naturellement chez lui : en bas à la cave, donc.
Depuis bientôt dix ans, Guillaume Dujardin organise un festival de créations théâtrales en sous-sol. Cette année, l'affaire s'est étendue à une soixantaine de villes, avec 35 spectacles différents présentés jusqu'à la fin juin (lire ci-contre). On est loin de la Croisette, des bagouzes, des perlouzes et des cocktails de Canal +. Les ingrédients sont ici une vingtaine de spectateurs par représentation, un ou deux acteurs, quelques spots, un texte neuf, une envie de clandestinité. Il faut appeler un numéro pour réserver. On vous rappelle la veille du spectacle pour fixer un rendez-vous en ville.
Ce soir-là, c'est place Gravelle, à Besançon. Nous sommes seize à nous rendre bientôt en procession vers une petite cour, à cinq minutes à pied. Et là, nous plongeons dans un escalier très vertical, vers l'obscurité d'une cave voûtée qui pourrait bien dater du XVIe siècle. Besançon, la «vieille ville espagnole» de Hugo, est truffée de beaux celliers : il était presque naturel que le festival naisse là. En 2005, la Compagnie Mala Noche créait dans la cave d'un particulier bisontin un premier spectacle tiré du Journal de Victor Klemperer, résistant qui décortiqua la langue du IIIe Reich. L