Drôle de sirène. Naïade au corps d'athlète flottant à la dérive, blonde à demi noyée dans la vase : «Jamais le fleuve n'aura été si tranquille, si ce n'est la couleur de son fond qui ne ressemble à rien.» Ce sont les premiers mots du Regard du nageur, poème écrit et interprété par Christèle Tual, objet d'un spectacle qui, lui non plus, ne ressemble à rien. Dans les quelques mots d'introduction au texte que publie Théâtre Ouvert (1), l'écrivain Frédéric Boyer parle d'une «traversée du chagrin». Pas de doute, la haute nageuse - bonnet et maillot noir - soliloque en eau sombre : «Je voudrais regagner la berge standardisée, faire partie du groupe de touristes avec sac à dos intégré.»
Désolation. Inadaptée-coulée, pataugeant dans 2 centimètres, ou s'allongeant sur une table de massage que recouvre un matelas pneumatique, elle n'est pourtant pas une image de désolation. Le corps se tend, se tient, os et muscles longs. Sportive à l'entraînement ou bête blessée tournant dans sa cage. Le metteur en scène Ludovic Lagarde - directeur de la Comédie de Reims -, qui a réglé le spectacle en compagnie de Lionel Spycher, n'est jamais aussi à l'aise que dans ces formes contraintes que sont le monologue et l'espace réduit. Sommets du genre, les deux textes d'Olivier Cadiot interprétés par Laurent Poitrenaux, le Colonel des zouaves (1997) et Un mage en hiver (2010). Où il était aussi question de plongée d