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Libération
Gospel

L’enfance de l’art de Bob Wilson

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A Lyon, le metteur en scène texan ouvre les Nuits de Fourvière avec un spectacle musical en hommage à la peintre afro-américaine Clementine Hunter, qu’il découvrit lorsqu’il avait 12 ans.
«Zinnias:The Life of Clementine Hunter» (Photo Stephanie Berger )
publié le 4 juin 2014 à 18h06

Surplombant la ville de Lyon, l’amphithéâtre romain de Fourvière est plongé dans le noir. Le rideau de scène s’illumine, figurant naïvement une maison entourée d’arbres. A droite du plateau, Sheryl Sutton, la Femme-Oiseau du Regard du sourd, le spectacle mythique de Bob Wilson, créé en 1971, s’installe sur un rocking-chair. Dans la fosse, un groupe - composé d’un batteur, d’une bassiste, de deux guitaristes et d’une violoniste - joue de la musique populaire, passe de la country planante au skiffle frénétique, du rock pionnier à la biguine, de l’oompah au doo wap, et du zydeco au blues.

Plantation. Les acteurs, presque tous afro-américains, chantent dans des costumes aux couleurs primaires sur fond de ciels désolés. Au bout de vingt minutes, on se dit : «C'est tout ?» Puis l'enchantement opère. Le vide des grands espaces américains se révèle un champ gravitationnel où s'engouffre tout ce qui vit et fait sens alentour. A 10 ans, Bob Wilson s'est lié d'amitié avec un jeune Noir, fils d'une femme qui travaillait dans la maison de ses parents : pure folie dans une communauté baptiste du sud des Etats-Unis, au début des années 50. Deux ans plus tard, sa famille, partie en vacances d'été à Natchitoches, en Louisiane, visita la plantation Melrose où travaillait Clementine Hunter, devenue peintre autodidacte à l'âge de 50 ans. Il lui acheta un petit tableau, et commença à collectionner ses œuvres. C'est cela que r