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Danse

«Torobaka», cornes d’abondance

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Les chorégraphes Akram Khan et Israel Galván fusionnent kathak indien et flamenco à Grenoble.
Israel Galvan et Akram Khan, une rencontre au sommet où le rythme est maître d'œuvre. (Photo Jean-Louis Fernandez)
publié le 4 juin 2014 à 18h06
(mis à jour le 4 juin 2014 à 18h06)

Israel Galván seul sur un plateau - et c'est le délire, le déluge. Le «danseur des solitudes», comme l'a baptisé le philosophe Georges Didi-Huberman, est une bourrasque qui fait se lever la salle comme s'il venait de porter l'estocade. Idem pour Akram Khan, qui tourne sa tête chauve, qui plante les pieds à toute allure sur le tapis de danse comme dans la terre, et qui passe tel un vent de sable. Pourtant, l'un et l'autre ne dégagent aucune agressivité et ne cherchent pas l'effet spectaculaire. Leur violence intérieure s'exprime dans une façon élégante de trancher l'espace de leurs lignes claires.

Bêtes de scène, certainement, par leur performance physique et leur capacité à emporter le spectateur, ces deux solistes qu'on ne peut attacher à une seule discipline - le flamenco pour l'un, la danse classique indienne pour l'autre - proposent avec Torobaka une rencontre au sommet où le rythme est maître d'œuvre.

Avant même la première, samedi 31 mai, ils présentaient une avant-première de leur travail à la MC2 de Grenoble (1), Israel Galván souffrant d’une blessure. Mais le spectacle était déjà là, tout frais, calé, prêt à éclore, comme les mains des deux auteurs, s’ouvrant comme des fleurs tout en sachant couper net comme le fil d’un couteau.

«Poisons». Les deux sont reliés par cette commune manière d'entretenir ou de rompre une conversation, se livrant ou se repliant sur des secrets enfouis. Ce que dit la jambe d'Israel Galván