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Théâtre

Lucrèce Borgia, louve story

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Guillaume Gallienne interprète, à la Comédie-Française, la princesse incestueuse de Victor Hugo.
publié le 5 juin 2014 à 18h06

Dans les mélodrames historiques de Victor Hugo, les personnages parlent encore plus qu'ils ne bougent. On dirait qu'ils cherchent ce miracle : faire marcher les situations sur les mots. Ces mots perturbent, rallongent, trouent et rapiècent l'action. Hugo ose tout, et le spectateur, si c'est joué avec ce qu'il faut de joie et d'imagination, ose le suivre n'importe où. A la Comédie-Française, ça fonctionne : mis en scène par Denis Podalydès, Lucrèce Borgia est l'un des plus vifs et surprenants spectacles qu'on y ait vus depuis pas mal de temps.

Ecrit en 1832 et en douze jours par un romantique de 30 ans, la pièce a été bien résumée dans la préface par son auteur : Lucrèce Borgia est l'histoire de «la maternité purifiant la difformité morale». Noircie par Hugo pour l'occasion, la belle Lucrèce est cette princesse criminelle et incestueuse qui tente de sauver son fils des pièges que son propre destin de louve lui a monté. Ce jeune homme, Gennaro, elle l'a eu avec son frère Juan, assassiné par son autre frère César. Il ignore qu'il est l'enfant monstrueux d'une femme qu'il ne connaît pas et que, comme pas mal d'Italiens, il abhorre : c'est un brave et jeune capitaine à l'éthique médiévale, faite d'honneur et de courage. Mais on est à la Renaissance et, après avoir tué sa mère, il n'y survivra pas.

Travestir. La dernière Lucrèce Borgia dont on se souvienne, montée voilà trente ans par Antoine Vitez, était inca