Menu
Libération
Lyrique

Miracle chinois à Bobigny

Article réservé aux abonnés
Le Théâtre Liyuan présente pour la première fois en France «la Veuve et le Lettré». Somptueux.
Sous la simplicité du propos- un érudit s'engage auprès d'un mourant à veiller sur la chasteté de son épouse-, l'irrévérence et la fantaisie pointent leur nez. (Photo Yuan Wei et Hai Qing)
publié le 13 juin 2014 à 18h06

C'est la première fois qu'ils viennent en France en mille ans d'existence et c'est un événement exceptionnel. Le Théâtre Liyuan de Quanzhou dans la province du Fujian (Chine méridionale) a été fondé au XIe siècle, et les textes les plus anciens de son répertoire parvenus jusqu'à nous datent de la fin du XIIe siècle. Ce qui fait probablement du Liyuan le plus ancien genre théâtral chinois. Héritière de cette histoire, la troupe actuelle a été fondée en 1953. Directeur de la MC93, Patrick Sommier arpente la Chine depuis plusieurs années et a plusieurs fois fait venir à Bobigny l'Opéra de Pékin et son école. C'est en 2012 qu'il a pour la première fois poussé la porte du Liyuan et c'est lors d'une deuxième visite à Quanzhou qu'il est tombé sous le charme de la Veuve et le Lettré.

Zèle. Il ne s'est pas trompé : sous ses habits traditionnels de théâtre chanté et dansé, la pièce n'est pas une curiosité exotique mais une merveille d'élégance, de précision et d'humour, accessible à tous ; un moment hors du temps dont la magie n'est pas sans rappeler les comédies de Goldoni mises en scène par Giorgio Strehler. Entre le Liyuan et le Piccolo Teatro de Milan au temps de Strehler, il existe plus d'un point commun, et d'abord l'art de la malice. Présente sans nul doute dans le conte original, mais ciselée dans la version «moderne» réécrite par l'écrivain et dramaturge Wang Renjie. Le canevas est simple : sur son lit de mor