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Théâtre

«Hôtel Europe», BHL planche encore pour la Bosnie

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Mêlant la guerre de 14 et celle des années 90, la pièce du philosophe a été présentée à Sarajevo, avec un très grand Weber.
Seul en scène, Jacques Weber interprète un intellectuel en crise. (Photo Marc Roussel)
publié le 30 juin 2014 à 18h26

Les mémoires se mêlent. Celle de la guerre de 1914, qui a commencé là avec l'assassinat, le 28 juin 1914, de l'archiduc François-Ferdinand, héritier présomptif du trône des Habsbourg. Et celle du siège de 1992-1994, qui fit 10 000 morts et clôtura les carnages européens du XXe siècle, comme le montre la magnifique exposition de Gérard Rondeau, organisée par l'Institut français de Bosnie-Herzégovine, avec des photos des paysages français portant les cicatrices de la grande tuerie et de Sarajevo bombardé par les forces serbes.

Les mémoires s'entrechoquent aussi. «Je n'ai accepté de me mêler à ce caravansérail de pèlerins, venus des quatre coins du monde commémorer cet anniversaire de 1914 et affûter le vibrato de leur "plus jamais ça", que pour qu'il y ait au moins quelqu'un pour évoquer l'autre anniversaire, l'autre "ça", Srebrenica, boucherie au cœur de l'Europe d'aujourd'hui, retour du génocide et du règne des Ponce-Pilate», martèle un homme seul sur la scène du Narodno Pozoriste, le Théâtre national de la capitale bosnienne.

Déglingué. Une bouteille d'eau, un ordinateur, un fond de papier peint à fleurs. Dans une chambre de l'hôtel Europe - qui donne son nom à la pièce -, un intellectuel en crise, au cartable avachi, qui fut engagé dans la guerre en Bosnie, doit rédiger le texte de sa conférence sur cet attentat de Sarajevo qui fut le suicide du Vieux Continent, et il ne sait plus quoi dire. Tour à tour lyrique, bouff