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Avignon

Un petit «Prince de Hombourg»

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Festival d'Avignon 2014dossier
Avignon. De belles images, de l’emphase… Mais la mise en scène de Corsetti plombe l’œuvre de Kleist.
publié le 6 juillet 2014 à 18h36

Il est comme pas mal d'entre nous, le prince de Hombourg. Il rêve. Il rêve au miroir. Il rêve sa vie glorieuse, sa belle mort. Il rêve peut-être qu'il s'appelle, comme ici même en 1951, Gérard Philipe. La pièce date de 1811, elle a lieu au XVIIe siècle. Le prince est un petit-cousin de Hamlet, plus innocent, moins digne, aussi mélancolique : dormir est ce qu'il fait le mieux, même éveillé. Le moindre bout de réalité qui lui tombe dessus quand il dort, comme une plume sur un soldat de plomb, il le sent passer. Puis, sous le coup du hasard et de l'émotion, d'une femme ou d'une bataille, il le transforme. Il en fait une occasion du temps perdu, toute une histoire qu'il est sans doute le seul à se raconter, donc à vivre, puisque le héros, le pauvre héros, c'est lui. Et il le fait en oubliant la règle, la loi. Comme on est outre-Rhin, c'est un problème : politique, moral, philosophique. Kleist a lu Kant ; son personnage, non. Il passe du splendide au minable, du minable au stoïque, du stoïque au discipliné. Il a deux heures quinze pour apprendre qu'il n'est pas grec, mais allemand.

National-rêveur. Samedi soir, après une générale et une première annulées, deux bouts de réalité tombent sur le national-rêveur créé par Kleist juste avant son suicide, tandis que chauffait la guerre patriotique contre Napoléon. Le premier bout n'appartient pas au spectacle : ce sont les intermittents. Avant la représentation, techniciens, costumiers et a