A Bruxelles, où le spectacle a été créé au mois de mai, le rendez-vous était devant la Bourse. Sur les marches, les spectateurs côtoyaient des SDF, sans savoir que parmi ces derniers, il y avait aussi des acteurs. La pièce elle-même se déroulait à l'intérieur de la Bourse, dans plusieurs lieux dont la grande salle des marchés, où sur de grands panneaux lumineux défilaient des indicateurs financiers. Avignon n'ayant pas de Bourse, le spectacle se déploie dans l'ancien hôtel des Monnaies, juste en face du palais des Papes, siège jusqu'en 2007 du conservatoire de musique. Publiée aux Solitaires intempestifs, la pièce de Bernardo Carvalho raconte le retour en Europe de deux Brésiliens - une économiste et son père. Ce dernier était exilé politique - à Paris ou peut-être Bruxelles - dans les années 1970. Sa fille y est née. Elle revient, pour participer à un colloque intitulé «Crise financière et identité». Tout va bien ? Non, pas vraiment, nous ne sommes pas en 2014 mais dans un futur (très ?) proche. Entre-temps, l'extrême droite a pris le pouvoir en Europe, et le retour prend des allures de cauchemar.
A l’aéroport, les fonctionnaires de l’immigration, qui ont la hantise d’être virés, se lâchent sur le racisme quand ils ne molestent pas les passagers ; le vieil ami syndicaliste chez qui ils débarquent justifie l’engagement fascist