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Avignon

Sept sœurs et un enterrement

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Festival d'Avignon 2014dossier
Une famille entre deux mondes.
«Les Sœurs Macaluso» écrit et mis en scène par Emma Dante. (Photo AFP)
publié le 8 juillet 2014 à 19h16

Nous sommes dans l’île de misère, en Sicile, et en silence. A l’avant-scène, il y a… des boucliers ou des plateaux ? Si on est un peu loin de la scène, on hésite. Cinq grands écussons d’argent rangés sur le parquet noir et dans le noir, à l’avant-scène, avec, pour chacun, ce qui semble être une poignée. De tout ce noir émerge une femme en noir, plutôt jeune, maigre, rousse. Elle danse sans musique, une toupie folle saisie de soubresauts, comme si un enfant cognait dessus. Puis, peu à peu, au fond, neuf silhouettes droites, également en noir, avancent d’un pas militaire vers l’avant de la scène, demi-tour et retour vers le fond, et ainsi de suite, tandis que la femme continue à essouffler ses entrechats.

Ex-voto.Peu à peu, un corps puis un autre, quatre au total, se détachent de la petite troupe et tombent. Finalement, le groupe s'arrête devant les cinq écussons d'argent. Cinq femmes les saisissent. Ce sont des boucliers, et les poignées, celles d'épées. Elles se battent en criant comme on joue, blesse, meurt. Elles n'ont pas d'âge et tous les âges. Chaque bouclier cachait un ex-voto : nous sommes devant cinq tombes - celles de leur famille. C'est l'histoire de cette famille que l'écrivain, metteur en scène et cinéaste, Emma Dante, native de Sicile, installe en une heure dix. Au cinéma, son premier film, Palerme, vient de sortir : un huis-clos symbolique entre deux femmes automobilistes, coincées et opposées dans une rue. Au théât