Il y a l'alpinisme extrême, et il y a le théâtre extrême. Mais ici, ni camp de base ni masques à oxygène avant l'ascension, si bien qu'à l'entracte d'Hypérion, deux heures et demie après le début du spectacle, les trois quarts du public fuient poliment le glacier, de peur de mourir en disant, comme Diotima à Hypérion qui l'aime et qui est parti se battre contre les Turcs : «Un feu en moi m'a lentement consumée, et peu de chose a été épargnée.» Aucune ne l'est au spectateur ni à la dizaine d'acteurs, professionnels ou amateurs, pendant ces cinq heures d'anti-théâtre radical, monocorde, sinistre, sans énergie et sans jeu, cinq heures qui feraient passer un spectacle de Claude Régy pour une performance de Louis de Funès. Bien entendu, cette hébétude est volontaire. Dans le dossier de presse, la metteure en scène, Marie-José Malis, dit : «Je pratique un théâtre de la pensée. Il n'est ni froid ni désertique. Il n'est pas non plus désarmé ni conforme. Il est peut-être aujourd'hui plus scandaleux que d'autres.» Son rêve d'elle-même est sans égard et sans limites.
Dévitalisés. Le décor est un bout de rue misérable avec une buvette au nom grec (le roman d'Hölderlin se passe en Grèce, au XVIIIe siècle), un garage Peugeot au rideau tiré, un magasin abandonné, des enseignes arabes, une vieille affiche proposant des voyages touristiques en Irak et en Egypte : mondialisation par le bas. A gauche, un monument républ