Dans un hospice, six vieillards endormis sont réveillés par des tintements de cloches, d'autant plus étranges qu'il n'y a pas d'église dans les environs. Le plus valide monte jusqu'à une lucarne et décrit à ses compagnons l'arrivée d'un cavalier «qui est peut-être une ombre». La terreur les gagne, mais pas seulement. L'acteur, auteur et metteur en scène Josse De Pauw, compagnon de route historique d'Anne Teresa De Keersmaeker et de Jan Lauwers, a gardé une tendresse particulière pour les pièces courtes de Michel de Ghelderode, travaillées alors qu'il étudiait au conservatoire de Bruxelles.
Flamand écrivant en français, Michel De Ghelderode (1898-1962) s’inscrit dans la lignée de Maurice Maeterlinck (1862-1949) et d’un théâtre plus porté sur le symbolisme que sur le réalisme, cultivant le mystère et le baroque, et s’intéressant de près aux marionnettes. Avec, entre les deux Belges, la figure d’Antonin Artaud, qui aimait Maeterlinck et fascinait Ghelderode.
Trouille. Le Cavalier bizarre évoque les Aveugles de Maeterlinck. Les vieillards invalides s'en remettent à un guetteur - joué par De Pauw - qui leur raconte la menace qu'ils ressentent sans la voir. On est à la lisière du fantastique, dans un registre à la fois angoissé et farcesque : la mort qui s'approche est une figure de carnaval, les vieux se pissent dessus de trouille, puis de rire. Au cloître des Célestins, la mise en scène de De Pauw, relayée par la mu