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Hugo survitaminé au château de Grignan

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Béatrice Dalle joue pour la première fois au théâtre dans le «Lucrèce Borgia» de David Bobée.
publié le 14 juillet 2014 à 18h06

La famille Borgia fait un retour remarqué dans le XXIe siècle, tant par le biais des séries (Borgia de Tom Fontana et The Borgias de Neil Jordan) que du théâtre où pas moins de quatre versions du Lucrèce Borgia de Victor Hugo ont été montées ces derniers mois (1). La dernière en date, dont on va parler ici, étant celle de David Bobée starring Béatrice Dalle, pour la première fois sur les planches.

Il tient donc à nouveau le devant de la scène, ce clan Borgia qui, selon la légende, a fourni au XVe siècle des papes, des meurtres, des incestes, du poison ainsi que pas mal de scandales colorés, et bien sûr on se demande pourquoi. La réponse se niche peut-être dans les critiques affolées que fit la presse conservatrice, en février 1833, lors de la création de Lucrèce Borgia au théâtre de la Porte-Saint-Martin : elles dénonçaient le danger moral du drame en prose de Hugo, sa représentation d'«un monde sans providence et sans liberté, sans nation, sans nom, sans autel et sans loi» (2). Ce monde ne vous évoque-t-il rien ? N'y a-t-il pas chez les Borgia comme une synthèse des familles, disons, Ewing et Kardashian, l'une sans loi au milieu du Texas, l'autre sans foi se vautrant dans la vacuité de la téléréalité ? Les Borgia, et tout particulièrement Lucrèce, sont des monstres très contemporains en tant qu'ils passent sans transition de la sainteté à l'atrocité, et retour.

Pluie. Au c