Menu
Libération
Avignon

Robyn Orlin, la déclaration des doigts de l’homme

Article réservé aux abonnés
La chorégraphe offre un manifeste politique interactif.
Les danseurs de la compagnie Jant-Bi, du Sénégal. (Photo Christophe Raynaud de Lage)
publié le 15 juillet 2014 à 19h26

De la supériorité du geste sur la parole, le titre du nouveau spectacle de Robyn Orlin - littéralement «Au moment où nous pointions un doigt vers toi, nous avons réalisé que nous en pointions trois vers nous-mêmes» - donne une démonstration probante. Il suffit de tendre l’index, et tout est dit.

«Enigmes». Robyn Orlin aime, paraît-il, les titres à tiroirs, «en forme de paraboles ou d'énigmes», précise le programme. Celui-ci annonce son contenu en toute clarté : c'est bien de doigts pointés qu'il est question, et de la dialectique entre ce que l'on croit désigner - l'autre - et ce que l'on croit cacher - soi-même.

Travaillant avec les danseurs - rien que des hommes - de la compagnie Jant-Bi de Germaine Acogny, fondatrice de l’Ecole des xables de Dakar, la chorégraphe sud-africaine signe une œuvre moins mineure que ses apparences.

Sur scène donc, huit - très bons - danseurs en habits bariolés ; ils répètent le spectacle écrit pour eux par Robyn Orlin - qui donne de ses nouvelles via des tweets projetés sur grand écran -, mais ils pourraient aussi bien être en train de préparer un défilé de carnaval, voire une gay pride. Ce qui n’est pas gagné d’avance, si l’on en juge par les difficultés éprouvées par le seul d’entre eux qui s’aventure dans le travesti.

Sans-papiers. Jouer aux hommes leur est plus naturel, version provocations bravaches et cous qui se redressent. Les matamores se lancent à l'occas