Du lourd : trois heures quarante de représentation, près de cinquante comédiens sur scène, deux cent cinquante pages de texte (édité aux Solitaires intempestifs) : pour convoquer l'Histoire sur scène, Denis Guénoun (auteur) et Christian Schiaretti (metteur en scène) n'ont pas lésiné sur les moyens. Mai, Juin, Juillet revisite les événements de 1968 et leurs répercussions sur le théâtre, à travers trois lieux et trois personnages emblématiques. Mai, c'est l'Odéon occupé où Jean-Louis Barrault, le directeur, tente de surnager dans la tourmente ; Juin c'est Villeurbanne où les directeurs de théâtre public (personnage collectif) sont réunis en conclave à l'initiative de Roger Planchon ; Juillet enfin c'est Avignon, où Jean Vilar fait face aux manifestants déchaînés. Certains, parmi les plus anciens, se passionneront pour cette revisite de leur jeunesse et d'autres, chez les plus jeunes, suivront avec curiosité cette plongée dans l'histoire politique et culturelle hexagonale. Pour un résultat inégal : si le spectacle a le poids du pavé, il n'a pas toujours sa force d'impact.
Thèse. C'est d'abord lié à son écriture. Même s'il multiplie les signes extérieurs de théâtre via notamment les interventions de «l'auteur» - un personnage féminin, qui vient commenter et critiquer l'action -, et les clins d'œil (à Shakespeare, à Molière, à Corneille), même s'il mêle les registres (farce, comédie, drame) et manie volontiers l'ironie, le texte vaut