Au bout de trois quarts d’heure, dans le vieux théâtre municipal aux fauteuils fatigués (pompeusement renommé depuis quelques années «Opéra Grand Avignon»), les rangs déjà clairsemés se vident encore. Comme si l’affaire était entendue : trop en langue étrangère - du grec -, trop long (trois heures annoncées), trop chiant.
Souvent ouvert et curieux, le public du Festival peut aussi, selon le lieu et l'état de fatigue, se révéler dissipé, hostile ou, pis, indifférent. La vétusté technique du théâtre municipal n'arrange rien. Alors que la Ronde du carré est un spectacle entièrement sonorisé, qui exige la très haute précision, micros et haut-parleurs font volontiers le coup de la panne ou du mauvais contact, comme si eux aussi s'en fichaient.
Que le tout jeune metteur en scène Dimitris Karantzas (lire ci-contre) et ses onze acteurs, qui viennent pour la première fois jouer à Avignon, ne s'inquiètent pas : d'autres avant eux ont fait l'expérience du spectacle réussi et du rendez-vous raté. Ceux qui ont le plus à perdre dans l'histoire, ce sont les spectateurs quittant la salle avant l'heure, alors que le temps, dans la Ronde du carré, est une donnée essentielle : plus le spectacle avance, plus sa complexité et son intensité se révèlent, passionnent, électrisent. La Ronde du carré est un des plus beaux spectacles d'Avignon, et l'histoire rendra justice à son metteur en scène.
Accéléré. La pièce de Dimitris Dimitriadis, le plus célèbre des auteurs gr