Prononcer son nom, William Forsythe, déclenche un sourire. De délice. Titres choc - Enemy in the Figure, In the Middle, Somewhat Elevated, Impressing the Czar -, impact maximum : ses ballets et performances provoquent des turbulences qui ne cessent pas une fois le rideau tombé. Ce que cet Américain a imprimé dans l'histoire de la danse est vertigineux : il en transforme la nature même, tout en respectant ses codes. Né à New York en 1949, grandi dans le giron classique puis «adopté» en Allemagne - où il dirigea notamment le Ballet de Francfort pendant vingt ans, avant d'être remercié peu poliment en 2004 -, Forsythe aurait pu diriger le Ballet national de Marseille ou le théâtre de Chaillot, mais la France n'a pas su être à la hauteur de ses ambitions justifiées. On se contente donc de ses spectacles et c'est déjà beaucoup.
Le portrait que lui consacre le Festival d'Automne est l'occasion immanquable de relire ce classique, que Libération surnomma «le nouveau Balanchine», à travers une dizaine de ses pièces interprétées par sa propre compagnie, aujourd'hui indépendante, ou par d'autres : le ballet de Dresde, une découverte pour le public français, et le Ballet de Lyon. Ce dernier connaît le maître sur le bout des doigts. Depuis vingt ans, son directeur, Yorgos Loukos, invite le chorégraphe à transmettre ses ballets à la compagnie lyonnaise, celle qui incontestablement l'interprète le mieux. Après Limb's Theorem présenté au