La table se prête bien aux réglements de comptes, et sur le thème du repas de famille qui dégénère, théâtre et cinéma ont volontiers brodé. La table familiale est au centre du projet en trois parties que présentent Julie Deliquet et le collectif In Vitro, invités du Festival d'Automne et nouveaux venus dans le paysage théâtral (lire Libération du 16 septembre). La soirée en leur compagnie dure plus de quatre heures qu'on ne sent pas passer. Sens du rythme et maîtrise du temps ne sont pas les moindres qualités d'un spectacle aussi drôle que réfléchi.
Glauque. Au menu donc, trois pièces séparées par un entracte, qui sont aussi un voyage dans le temps. Née dans les années 80, Julie Deliquet se projette dans la génération de ses parents et imagine une saga générationnelle s'étirant sur une bonne vingtaine d'années. Avec, en ouverture, une transposition de la Noce chez les petits bourgeois de Brecht dans les années 70. La metteure en scène dit avoir été particulièrement attirée par le côté cinématographique de la pièce - «un long plan-séquence», selon ses termes. Electrophone, pattes d'eph et cheveux longs participent de la pochade, qui tourne au glauque à mesure que les verres se vident et que les meubles, mal collés par le jeune marié, s'effondrent. Mais il s'agit moins de faire revivre une époque que