Maître de cérémonie, Archibald annonce la couleur au début de la pièce : «Afin que dans vos fauteuils vous demeuriez à votre aise face au drame qui déjà se déroule ici, afin que vous soyez assurés qu'un tel drame ne risque pas de pénétrer dans vos vies précieuses, nous aurons encore la politesse, apprise parmi vous, de rendre la communication impossible.» Bob Wilson a-t-il voulu prendre Archibald au pied de la lettre ? Sa mise en scène des Nègres de Jean Genet parvient à couper à peu près toute communication entre le texte et les spectateurs, tout en ayant la politesse d'offrir de belles images sur fond de jazz. Le public de la première, vendredi soir à l'Odéon, a aussi eu la politesse d'applaudir le metteur en scène blanc et les quatorze interprètes noirs. Reste quand même un léger malaise.
Négation. Il est vrai que la pièce est coton. Les trois pages de l'auteur intitulées «Pour jouer les Nègres» n'en éclairent pas grand-chose. Elles se réfèrent exclusivement à la mise en scène de Roger Blin, présentée pour la première fois à Paris au Théâtre de Lutèce le 28 octobre 1959. Une mise en scène, écrit Genet, dont la «réussite était de l'ordre de la perfection». La genèse des Nègres est connue. Au départ, dit Genet, une commande en forme de gageure : «Un soir un comédien me demanda d'écrire une pièce qui serait jouée par des Noirs.» D'où cette question. «Mais qu'est-ce que c'est donc u