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Danse

Frédérick Gravel, sans gravité

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Le chorégraphe québécois présente deux pièces rock’n’roll à Paris, au Théâtre de la Bastille, dont l’une invoque Nietzsche.
«Usually Beauty Fails ?» de Frédéric Gravel. (Photo Denis Farley)
publié le 8 octobre 2014 à 19h56

En France, où il commence à tourner pas mal, le Québécois Frédérick Gravel est un peu chez lui. Il manie si bien la langue française, lui redonnant quelque noblesse et son sens de l’hospitalité, qu’il peut s’installer légitimement au Théâtre de la Bastille pendant deux semaines. Où ils nous invitent à passer, ce que l’on a fait sans hésitation : bienvenue chez vous. Le groupe d’ArtGravel ArtGroup (GAG) mêlant musiciens, chanteurs, danseurs n’est pas du genre rentre-dedans, à l’inverse de bien des troupes du Québec.

Lui préfère garder quelque distance, celle de l’humour, de l’autodérision et une certaine élégance qui se loge là où on ne l’attend pas, sous des costumes, fripes à 2 euros dont les couleurs sont toutefois fort étudiées, dans un regard mesurant aussi bien le rapport entre les membres du groupe qu’entre les spectateurs et les acteurs. Et surtout donne du mou.

Chaises. Dans Usually Beauty Fails ? l'énergie collective de l'équipe, portée par la musique de Stéfan Boucher et de Philippe Brault et la danse décomplexée de Frédérick Gravel qui se moque bien des chapelles et des effets de mode, pourrait transformer le plateau en un champ de bataille, casser le maigre mobilier (des chaises pour tout décor) ou saturer l'atmosphère. Mais le chorégraphe beau parleur, qui prend le micro pour des adresses directes au public, sait calmer le jeu. Aux ensembles surchauffés éclairés par des rampes de projo, il oppose des duos aussi tendre