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Critique

Avec Josette Baïz, les ados sont pros

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A Aix, la chorégraphe et la compagnie Grenade mènent un travail atypique avec et pour les enfants.
«Roméo et Juliette», de Josette Baïz, actuellement présenté par les danseurs du groupe Grenade au théâtre national de Chaillot, à Paris. (Photo Cécile Martini)
publié le 9 octobre 2014 à 17h26
Au début des années 90, on croise Josette Baïz dans les rues d’Aix-en-Provence, son fief. Elle nous raconte que depuis 1989, à la suite d’une résidence dans les quartiers Nord de Marseille, elle a mis en place des ateliers pour les minots. Personne n’aurait pu imaginer, à l’époque où les actions de sensibilisation auprès des jeunes se résumaient à des travaux menés parallèlement aux activités des compagnies, que la résidence d’un an allait se transformer en un parcours artistique rare. On ne connaît pas d’équivalent au trajet de Josette Baïz, qui a mis bien longtemps à trouver ses marques, tant il est atypique, non pas pour les enfants, mais par les enfants.

Appétit de danse. Formée par Odile Duboc à Aix-en-Provence et donc rompue à un large éventail de techniques de danse contemporaine et à une démarche de création, Josette Baïz intègre le Groupe Emile-Dubois de Jean-Claude Gallotta. On se souvient, en 1981, dans Ulysse, le ballet blanc du chorégraphe de Grenoble, d'une jeune fille montée sur ressorts, souriante, qui avalait le plateau comme un sandwich géant. Rien ne démentira son appétit de danse, qu'elle transmettra aux jeunes Marseillais. «Après la résidence avec des enfants d'origines et de cultures diverses, j'ai été amenée, raconte-t-elle, à repenser le sens de mon travail et à modifier radicalement ma démarche artistique.»

Parallèlement à sa compagnie pour adultes, la Place blanche, elle crée en 1992 le groupe Grenade (pour enfants entre 7 et 18 ans), puis, en 1998, la compagnie Grenade (dont la plupart sont issus du groupe). A la fois lieux de formation et de création, les deux rassemblent aujourd’hui 60 danseurs. Les jeunes sont en effet considérés comme des professionnels, rémunérés dès qu’ils assurent les spectacles. Ce ne fut pas évident au départ. L’argent versé aux danseurs pouvait être utilisé par les familles. Il va désormais sur des comptes bloqués jusqu’à la majorité, le tout sous la surveillance des services sociaux.

Parmi tous ceux qui sont passés par cette école de la danse et de la vie, beaucoup ont dû lâ