On refusera peut-être du monde, ce lundi soir, au Théâtre du Conservatoire à Paris, où un jeune auteur de 87 ans vient lire sa dernière pièce (1). La précédente, il l'avait écrite au lendemain du 11 septembre 2001, comme un puzzle sonore à partir de plusieurs dizaines de témoignages de victimes, sauveteurs, proches ou auteurs des attentats. Pour composer sa pièce - simplement titrée 11 septembre 2001 -, Michel Vinaver avait largement puisé dans les journaux américains, matière première d'un poème documentaire - et d'un chant tragique. Une façon de procéder qui rappelle les textes du poète américain Charles Reznikoff, l'auteur de Testimony (à partir d'archives de tribunaux américains à la fin du XIXe siècle) et de Holocaust (directement tiré des actes du procès de Nuremberg).
Protégé. Pour sa nouvelle pièce, Vinaver s'est aussi largement inspiré de la lecture des journaux. Et a repris la structure polyphonique qu'il affectionne. Mais l'événement, cette fois, renvoie plutôt à la comédie, comme le titre l'annonce : Bettencourt Boulevard. Soit, «en trente morceaux» - toujours le puzzle - , une «histoire de France» - sans H majuscule - dont les personnages sont tous désignés sous leur vrai nom, d'Eugène Schueller, «fondateur de L'Oréal», à Florence Woerth, «femme d'Eric Woerth», en passant par Liliane Bettencourt, «fille d'Eugène Schueller, mère de Françoise