Confronter, pour n'en faire qu'un, le corps d'un lutteur sénégalais (mbeur en langue wolof) et celui d'un danseur, c'est le pari qu'a pris le chorégraphe burkinabé Salia Sanou. Dans Clameur des arènes - pièce de danse contemporaine nourrie de pas traditionnels et des codes de la lutte sénégalaise, créée au dernier festival Montpellier Danse et présentée en ce moment au Tarmac, début d'une tournée française -, il n'est question que de l'Afrique d'aujourd'hui, de l'urgence à la nommer, à la représenter. Avant de mesurer, d'asseoir la rencontre et de la consolider, le chorégraphe de 45 ans s'est laissé porté par l'univers sonore des stades de foot de Dakar remplis lors des journées de lutte : «La clameur, dit-il, commence bien avant le combat et demeure en fond sonore. C'est un souvenir qui m'est cher et que je garde inscrit comme une réminiscence, et sans doute comme une petite musique qui ne m'a jamais quitté.» Après contact avec les managers des écuries Lansar et Rock Energie, il a repéré cinq «pensionnaires» qui n'ont pas hésité à s'engager dans l'aventure. Car si la lutte comporte quelques parties dansées dans les «bàkk», notamment, chorégraphies propres à chaque camp, elles ne dépassent pas leur objectif premier qui est de participer à la victoire.
Gospel rauque. Ici mêlés aux danseurs, les lutteurs, avec beaucoup d'humilité car ils sont des stars ou des futures stars, plus populaires encore que les