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Critique

Après «Rain», le déluge

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Hypnotique et élégante, la pièce d’Anne Teresa De Keersmaeker est de retour au Palais Garnier.
«Rain» est interprété par dix danseurs sur «Music for Eighteen Musicians», de Steve Reich. (Photo Benoite Fanton)
publié le 26 octobre 2014 à 18h26
(mis à jour le 28 octobre 2014 à 7h31)

Deux rideaux de pluie, faits de fines cordelettes grises et à moitié transparentes encerclent les danseurs. Au sol, on devine le tracé de parcours complexes. Anne Teresa De Keersmaeker condense un ensemble de sept femmes et trois hommes dans ce cylindre non fermé, conçu par le scénographe Jan Versweyveld. Tout commence et se termine par des pulsations en accord avec la Music for Eighteen Musicians, composée en 1976 par Steve Reich pour ensemble avec voix.

La pièce Rain de la chorégraphe belge, créée en 2001 au Théâtre royal de la Monnaie, à Bruxelles, entrée au répertoire du Ballet de l'Opéra de Paris en 2011 et reprise en ce moment à l'Opéra Garnier, fait écho à une autre de ses chorégraphies, In Real Time, qui s'achevait par une phrase de Gerardjan Rijnders : «J'espère qu'il ne pleuvra pas demain.» Il fut donc décidé qu'il pleuvrait, Anne Teresa De Keersmaeker ayant été aspirée par la lecture de Rain, de Kirsty Gunn, qui lui a fourni l'argument du ballet. Dans le troisième volet de ses Carnets (lire ci-dessous), la chorégraphe explique : «Ce texte décrit le processus et les techniques de réanimation en partant du point de vue d'une jeune femme tentant de ramener à la vie son petit frère qui s'est noyé dans un lac. Ce texte m'a attirée par sa subtile métamorphose qui nous fait habilement passer d'une description médicale objective à une prise de conscience profondément émouvante de la fuite d'une v