On ne voit qu'elle. Dès son entrée en scène, Marie Gillain capte le regard et ne le laisse plus s'égarer. Dans cette adaptation de la Vénus à la fourrure, roman de l'Autrichien Sacher-Masoch (1870), elle est plus que belle, elle est hypnotisante, fracassante.
Elle, c’est Vanda, comédienne cheap et vulgaire qui force la porte du metteur en scène Thomas Novachek, en mal d’actrice pour jouer sa Vénus à la fourrure. Il vient de renoncer à l’espoir de trouver la perle rare quand elle débarque en corset de cuir sous son trench, provocante en diable, prête à tout pour avoir un rôle qu’elle connaît dans ses moindres intonations, jusqu’à devenir la Vénus elle-même, drapée dans une bâche de plastique que l’on voit fourrure, actrice d’exception et maîtresse sadomaso qui finit par transformer en lopette le metteur en scène new-yorkais à la carrière patinante. Le rôle pourrait facilement être surjoué, mais les poses et les outrances de Marie Gillain sonnent juste ; mieux, on finit par ne plus savoir qui elle incarne vraiment dans cette mise en abyme qui envoûte et laisse haletant.
La Vénus à la fourrure, qui a inspiré le dernier film de Roman Polanski, avec Emmanuelle Seigner dans le rôle de Vanda, est l'histoire d'un dominant qui finit par se laisser dominer, d'un homme pris et épris qui croyait prendre. Dans le rôle de Thomas, Nicolas Briançon a juste ce qu'il faut d'humilité et de finesse pour laisser Marie Gillain occuper l'espace visuel et sonore sans s'effacer pour