Maguy Marin n'est pas femme à lâcher l'affaire. Elle insiste, persiste, creuse un sillon lumineux qui mène toujours au même endroit : à la République, à la liberté d'expression et de circulation. Sa nouvelle pièce, Bit, où l'on décèle certaines de ses chorégraphies plus anciennes (l'ouverture de Babel Babel, les maquillages de May Be, le lointain de Umwelt, la fange de Turba…) est comme toujours un condensé et une nouvelle impulsion.
Ici, on est emporté dans une farandole impure, composée à partir de multiples pas traditionnels, d’une sévillane à un saut basque, d’une sardane (si simple apparemment mais complexe dans son rythme) à un bras et une main de sirtaki, tous liés à la sauce Marin, folklorique au sens où elle concerne le peuple.
Sur six planches comme unique décor, très pentues et donnant dans le vide, ce qui n’autorise aucun faux pas, trois femmes et trois hommes - habillés simplement puis revêtant des vêtements de soirée - se donnent la main. Parfois à leurs risques et périls, si l’un venait à plonger comme dans une cordée. Ils dansent la carmagnole pour réveiller les résidents de la République. Ils frappent le sol, s’interrompant par deux fois pour exécuter des palmas en cercle flamenco.
Luxure. Le rythme est la pierre angulaire de la pièce, comme le suggère son titre Bit, faisant implacablement référence à l'unité de mesure de base binaire en informatique, aussi simple que vr