C'est une phrase de rien, lâchée comme ça, entre deux portes, alors qu'interrogé sur la marque de sa veste (inconnue au bataillon), Thomas Jolly, 32 ans, se plaignait de ne jamais trouver de vêtements à sa taille, qu'il a très fine. Une phrase de rien qui, bizarrement, reste longtemps après l'interview, comme un coup de laser appuyé sur la rétine. «Je suis phosphorique.» Soit, en homéopathie, l'un des trois profils de base désignant à raison, en ce qui le concerne, les sujets longilignes, sensibles et créatifs. Mais aussi un synonyme de phosphorescent, cette faculté tellement géniale qu'ont les vers luisants à rayonner dans la nuit. Ajoutez à cela l'expression «extrêmement solaire» choisie par son mentor, Stanislas Nordey, pour qualifier son ancien élève de l'école du Théâtre national de Bretagne (TNB), et nous voilà convaincue que notre portrait du remuant Jolly, acteur et metteur en scène délicat révélé au dernier Festival d'Avignon, sera lumineux, ou ne sera pas.
Fusée. Il a beau rappeler que son Henry VI l'a occupé quatre ans et demi, l'impression dominante est celle d'un jeune homme monté très vite, très haut. Qui connaissait Thomas Jolly avant le 21 juillet, jour de la première représentation de cette trilogie de Shakespeare ? Commencée à 10 heures, l'intégrale s'est achevée à 4 heures le lendemain matin. Dix-huit heures dans le règne d'un roi, de son couronnement à son assassinat par le futur Richard III,