C’est une longue étreinte qui n’en finit pas, tour à tour violente et complice. L’homme et la marionnette ne forment qu’un, au point qu’on ne sait plus, parfois, qui dirige qui, voire qui est qui, entre l’individu désarticulé et son double qui s’anime, seul, à l’autre bout du plateau.
Question mystification, Etienne Saglio en connaît un rayon. Insaisissable, on l’a plutôt classifié jusqu’alors dans la catégorie (nouvelle) magie - courant dont il est une des têtes pensantes. Ici, il est siglé «cirque», sachant qu’à la limite, danse ou théâtre auraient aussi pu faire l’affaire.
Dressage
Présenté jusqu'à ce week-end à Paris, les Limbes est sa dernière création en date, conçue comme un espace qui n'autoriserait «ni le paradis ni l'enfer, où il serait possible de faire l'expérience de la mort, avant un retour à la lumière» -à la fin de la représentation, il fait d'ailleurs référence à son grand-père, décédé pendant la conception du spectacle.
«Tantôt spirite tantôt nécromancien», ainsi qu'il se présente dans la note d'intention, Saglio orchestre ainsi une drôle de sarabande sur les notes d'Antonio Vivaldi. Avec la minutie qui le caractérise (cf. son spectacle de référence, le Soir des monstres, créé fin 2007 à sa sortie du Centre national des arts du cirque), l'artiste s'épanouit de la sorte entre pénombre et lumière, jouant avec les échelles et les ambiances (spectrale, énigmatique, rêveuse, maléfique, facétieuse, poétique… la liste est longue).
Chez lui,