Miroir, mon beau miroir… La carrière d'un ingénieur repoussant décolle après une opération de chirurgie esthétique qui le transfigure en Apollon corporate. Sur son exemple, chacun adopte le nouveau faciès de Lette (joué par Paul Moulin), dans un élan de passion conformiste qui rappelle le Rhinocéros de Ionesco et son moutonisme totalitaire. Cette fable d'anticipation est l'œuvre de Marius von Mayenburg, dramaturge associé à la Schaubühne de Berlin, auteur de textes incisifs qui résonnent avec l'actualité. A mesure que les identités se dissolvent, l'effet de sidération est d'autant plus grand que chaque comédien endosse plusieurs rôles. Ce stimulant jeu de regards est monté par une ancienne élève du Théâtre national de Bretagne, Maïa Sandoz, présente sur scène aux côtés d'Adèle Haenel en costard, fraîchement césarisée. Ce spectacle conçu à La Générale, coopérative artistique du XIe arrondissement de Paris, est présenté ici en trilogie avec deux autres formes courtes de Mayenburg, Voir clair et Perplexe.
Théâtre
«Le moche» plaît à Ivry
(Photo Danica Bijeljac)
publié le 15 mars 2015 à 18h46
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