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Libération
Avignon

Du toupet pour «Riquet»

Un détricotage attachant du conte de Perrault par Laurent Brethome, 35 ans.
(c)Elizabeth Carecchio (Photo Elizabeth Carecchio)
publié le 5 juillet 2015 à 10h48
(mis à jour le 5 juillet 2015 à 10h56)
Alors que s’ouvre tout juste la 69eédition du festival d’Avignon avec le polonais Krystian Lupa déroulant sur plus de quatre heures, hors les murs, son Wycinka Hölzfallen, la Chapelle des pénitents blancs propose une alternative à la fois plus condensée (une heure tout juste) et accessible. En programmant cet impertinent Riquet dès l’ouverture, l’équipe d’Olivier Py prolonge le geste entamé lors de sa prise de fonction l’an dernier, épousant du même coup un intérêt renouvelé pour le spectacle jeune public. Prenant la relève du jeune Matthieu Roy (2014), Laurent Brethome, 35 ans, ancien de la Comédie de Saint-Etienne, confirme ici un goût pour l’artisanat et le savoir-faire «d’époque» à travers un ingénieux système de live painting, jeux d’ombres et lanterne magique qui mêle au conte un retour à l’enfance du cinéma – quitte à céder parfois à la tentation d’un opportunisme fourre-tout (slam, stroboscope, lumière noire…). 

Sacs en papier sur la tête

La relecture d’Antoine Herniotte, apologie d’un sentiment amoureux progressiste et inclusif à l’heure des discriminations, n’a rien d’une sornette réac : d’ailleurs, à peine le traditionnel «il était une fois» prononcé qu’il est interrompu. Le spectacle revisite et actualise le récit populaire de Perrault, Riquet à la Houppe : en 2015, les princesses n’ont plus rien de demoiselles en détresse et ne demandent qu’à s’émanciper. Trois jeunes comédiens (Dominique Gubser, François Jaulin, Yasmina Remil entourés du dessinateur Louis Lavedan) affublés de sacs en papier sur la tête campent Riquet, antihéros ostracisé par sa laideur repoussante et deux princesses, l’une belle et sotte, l’autre sage mais disgracieuse.

Démarrage en douceur de ce début de festival pour les tout jeunes spectateurs serrés sur des petits bancs, conquis par ce spectacle riche en trouvailles low-fi et couvé du regard par une bonne fée penchée sur sa conception, le metteur en scène Joël Jouanneau.