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Théâtre

Philippe Caubère reprend son numéro de clone

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Philippe Caubèredossier
Avec «le Bac 68», le comédien endosse à nouveau les habits de son double, Ferdinand, continuant d’explorer son passé dans une veine poétique et drolatique.
Philippe Caubère, interpétant sa mère Claudine, atteinte de paraphasie. (Photo Arnold Jerocki)
publié le 13 octobre 2016 à 17h21
(mis à jour le 13 octobre 2016 à 18h44)

Plutôt que d’écouter un célèbre et narcissique pervers déguisé en tribun paranoïaque à gros tirages de la France profonde, mieux vaut aller voir le spectacle de Philippe Caubère, le Bac 68, une reprise-variation qui se donne au théâtre de l’Athénée à Paris : vous sentirez avec davantage de délicatesse et de fantaisie le pays de la fin des années 60, avec la grâce propre à ce formidable clown de tendresse, écrivain et contorsionniste des visages, des corps et des caractères. Vous la sentirez à ce moment crucial où la jeunesse a eu la culture entre deux chaises : un pied dans le passé et, sans toujours le savoir, un autre dans l’avenir. C’était une jeunesse souvent difficile, réprimée, complexée ; mais elle rêvait beaucoup et n’était pas désespérée.

Revoilà donc Ferdinand Faure, double de l'auteur et interprète, grandi comme lui dans le fût marseillais, entre sa mère Claudine, sa voisine, son imaginaire et ses profs. Claudine est atteinte de paraphasie comme Françoise, la bonne de la Recherche du temps perdu. Elle confond par exemple goulag et goulasch, connaissant aussi peu la nature de l'un que celle de l'autre. Ceux qui se souviennent de leurs grands-parents populaires en ces années-là savent que la paraphasie était fréquente : les mots nouveaux tombaient comme des «migrants» dans des consciences peu au fait des mondes d'où ils venaient. Ils devaient passer par une série de transformations avant d'être apprivoisés - quand ils l'étaient. Il f