Il n’y a que la mort pour éteindre l’imagination de qui l’on fut. Le théâtre est là pour la convoquer, pour l’en empêcher. A 67 ans, Philippe Caubère ne fait pas ses adieux à la scène, mais au personnage qu’il a créé en 1981, au temps des illusions et des désillusions, cet avatar de lui-même qui l’a rendu célèbre : Ferdinand. Du moins, il le dit, il le jure : «Il me faut bien en finir avec cet adolescent attardé, isolé, chéri et fantasmé que j’avais imaginé sous l’influence, entre autres, du Céline de Mort à crédit.» Il ne s’interdira pas, ajoute-t-il, de rejouer tel ou tel épisode de son roman-feuilleton intime et fantasmatique, la Danse du diable, mais il n’en écrira plus de nouveau.
On peut le croire, ou en douter. Conan Doyle a ressuscité Sherlock Holmes sous la pression de ses lecteurs. Caubère écrira peut-être des post-scriptum aux aventures de Ferdinand sous la pression de ses fans, qui vieillissent avec lui dans un enthousiasme en indivision ; mais, surtout, il y a cette difficulté à ne plus fermenter dans sa propre mémoire, que résume Chateaubriand : «Rompre avec la vie réelle, ce n'est rien ; mais avec les souvenirs ! Le cœur se brise à la séparation des songes, tant il y a peu de réalité en l'homme.» Ferdinand est mort, vive Ferdinand.
Couscous
Le bouquet final, ou annoncé comme tel, présente trois épisodes de la vie du héros aux yeux clairs, répartis sur deux soirées. On a vu la première, la plus longue : «Clémence». Deux histoires