Menu
Libération
Portrait

Philippe Caubère, toujours solaire

Article réservé aux abonnés
Philippe Caubèredossier
Lettre au comédien, blanchi des accusations de viol, qui jamais ne cessera de mettre en scène sa vie et de l’exalter, entre burlesque et dérision.
(Photo Samuel Kirszenbaum pour «Libération»)
publié le 10 décembre 2019 à 18h16

Cher Philippe Caubère,

L’autre soir, vous avez emporté mon adhésion pleine et entière quand vous avez haussé vos sourcils en virgule pour devenir… un robinet d’eau froide. Avec un sens du détail hilarant et un art du bruitage tonitruant, vous avez mimé le grondement révulsif d’un tuyau qu’on aimerait plus discret quand on rentre d’une escapade sexuelle. Bien sûr, la partenaire que l’on cherche à ne pas réveiller ne se prive pas d’en faire autant de son côté. Mais tout serait plus simple si la plomberie avait la discrétion complice et si l’eau coulait tiède et apaisante sur un corps à laver de sa culpabilité imprévue.

Il s’agit du dernier épisode d’une série toujours en cours. Depuis 1981, dans ce seul en scène fameux vous racontez votre enfance auprès d’une mère fascinante et castratrice, votre découverte du théâtre sous l’œil impérieux d’Ariane Mnouchkine et votre émancipation pour aller vers le risque d’une solitude glorieuse.

Dans le spectacle, vous n'avez encore que 30 ans. En réalité, les 70 coups de canon vont bientôt tonner. Pourtant, votre agilité préservée est étonnante. Une proche : «C'est à la fois une rock star et un sportif.» Vous vous roulez par terre, vous grimpez aux rideaux et vous savez claquer les portes comme personne. Ce petit bedon de bon vivant de toujours ne vous handicape en rien. Et on s'étonne que la sueur jamais ne vous étoile, ni ne vous étiole. Vous répondez : «C'est quand on a peur qu'on transpire.»

Je ne vais pas vous menti