- DAVANTAGE de concessions aux Serbes pour aller vers la paix: telle
est l'idée ancienne d'Alain Juppé, à laquelle s'est ralliée la Communauté internationale, Américains compris, après la chute de Bihac. Le plan initial du groupe de contact, élaboré au printemps 1994, avait été déclaré irrévocable, définitif; c'était à prendre ou à laisser; mais il eut le malheur de déplaire aux hommes de Karadzic. Qu'importe, on en concoctera un autre qui leur sera plus favorable. Les cinq enclaves à majorité musulmane, décrétées zones de sécurité par l'ONU (Zepa, Tula, Srebrenica, Gorazde, Bihac) gênent-elles les Serbes? Il faudra les leur céder. Ils désirent pouvoir se confédérer avec Belgrade sur le modèle de la confédération croato-bosniaque? Accordé! Ce que Serbe veut, nos ministres des Affaires étrangères le lui donnent sans barguigner. Dans l'affrontement qui oppose le fort au faible, il est plus facile d'aider le fort et de faire pression sur le faible afin qu'il se résigne à sa propre défaite.
Comment ne pas voir qu'une telle attitude précipite cela même qu'elle veut éviter: le recours aux armes et à la violence? Qu'en acquiesçant à toutes les revendications des Serbes, on se contente d'aiguiser leur appétit, on les pousse dans la voie d'une surenchère indéfinie? Au lieu d'approfondir la petite faille qui s'est creusée entre Milosevic et Karadzic, le partisan d'une solution modérée d'un côté, de la guerre à outrance de l'autre, la mollesse occidentale va finir par les réconcilier