ELLES APPARAISSENT dans les vitrines des boulangeries-pâtisseries
vers le 10 décembre, et bien plus tard seulement dans les pâtisseries, comme pour rappeler l'indispensable distinction. Combien d'enfants ont rêvé devant elles? Immuables, elles sont indispensables à cette période de l'année. Noires au chocolat, au café, blanches à la vanille, roses au grand marnier, elles sont plus ou moins longues et hautes, mais toutes couvertes de crème au beurre, au dessin malhabile de l'écorce de bois.
Dessus, toujours un ou deux champignons en meringue et, pour les plus chanceux, un sujet en plastique, généralement un petit nain, parfois une scie, un peu moins souvent une feuille de houx en pâte d'amande. A l'intérieur, toujours le fameux roulé, de génoise, avec plus ou moins de crème au beurre, selon le talent du boulanger. Ecoeurant! Mauvais pour la ligne! Archaïque! Non indispensable. C'est un gâteau qui demande du travail, et inspire du respect tant il faut en faire, et en vendre, en si peu de temps. Bien sûr, les bûchettes n'ont pas même allure dans les quartiers riches; elles sont plus chères, plus petites, mais pas toujours meilleures. Car il y a une justice de Noël dans ces bûchettes: le prix n'est pas synonyme de goût, et nombre de boulangers trouvent ici une sorte de valorisation justifiée. Un autre critère distinctif de la qualité: le support. Aujourd'hui, le plus fréquent est hélas le simple morceau de carton, plus ou moins doré, sans surprise. Souvent la gaufrette, peu adapt