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TRIBUNE

L'Europe doit émerger du débat présidentiel

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publié le 12 janvier 1995 à 0h21

PAR PIERRE-ALAIN MUET, professeur à l'Ecole polytechnique, directeur

du département Econométrie de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

L'Europe doit émerger du débat présidentiel - SI L'EXCLUSION et le chômage sont au coeur du débat présidentiel, la non-candidature de Jacques Delors a enterré prématurément l'une des questions clés du problème: le devenir de l'Europe. Car, à quoi sert de débattre longuement des solutions nationales au chômage ­ il suffit d'observer l'extraordinaire parallélisme entre le taux de chômage de la France et celui de l'Europe des Douze (1) - pour comprendre que le problème du chômage, comme beaucoup d'autres, n'est pas, n'est plus, et n'a sans doute jamais vraiment été un problème franco-français. Quant aux solutions miracles que pourrait mettre en oeuvre un nouveau gouvernement (réforme du salaire minimum, modifications de la fiscalité affectant le travail...), la diversité des situations au sein des Douze dans ce domaine jette un doute sur leur réelle efficacité. Le Danemark a depuis longtemps fiscalisé entièrement ses cotisations sociales et le Royaume-Uni n'a pas de salaire minimum. Pourtant, l'évolution tendancielle du chômage dans ces deux pays ne diffère pas vraiment de celle de leurs partenaires européens.

Vingt ans après le premier choc pétrolier, l'inflation a disparu. Mais alors que les Etats-Unis et le Japon ne se sont jamais durablement éloignés du plein emploi, l'Union européenne, qui connaissait un chômage excep