EN TRENTE ANS, la télévision a pris une place considérable dans la
vie politique, comme le montre encore cette élection présidentielle, mais, dans le même temps, les grands débats sur son rôle social et culturel ont presque disparu. Ce décalage entre l'importance démocratique de la télévision et le peu de réflexion sur sa place et sa mission est troublant. D'ailleurs, jusqu'à présent, aucun candidat ne s'est exprimé sur ce sujet essentiel. La télévision publique, qui fut la force de l'Europe depuis la guerre, s'est lentement affaissée et, au tournant des années 80, le privé est apparu comme la grande aventure. Aujourd'hui, où en est-on? Au triomphe de l'idéologie technique et économique. Puisqu'on ne sait plus quelle télévision on veut, on s'abandonne aux nouvelles technologies, chargées grâce à la multiplication des chaînes et au mariage avec l'informatique, de construire l'éden communicationnel. Et c'est au marché, deuxième idéologie, liée à l'essor du secteur de la communication, qu'il appartient de «satisfaire» les besoins. Même s'il y a loin de l'offre à la demande, et encore plus de la demande aux besoins. Faute d'une réflexion critique sur le rôle de la télévision dans les loisirs, la culture, l'information, les nouvelles technologies et le marché deviennent le seul projet. Et la déréglementation, une grande ambition!
Pourquoi les critiques faites sur les limites de la télévision disparaîtraient-elles par enchantement, avec encore plus d'images et de télévision? Pourqu