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TRIBUNE

Le voile à la mer

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publié le 13 mars 1995 à 2h12

Le voile à la mer

PAR SAMI NAÏR, Professeur de sciences politiques à l'université de Paris-VIII.

- TOUTES LES ANNÉES, on fête le 8 mars, Journée des femmes. Mais n'a-t-on pas tendance à faire de cet anniversaire un évènement d'autant plus convenu qu'il se rapporte à une sorte de fatalité, certes inacceptable, mais immuable? Que fête-t-on au juste: le courage des femmes ou leur sort malheureux?A une heure d'avion de Marseille, il y a des régimes qui, au nom d'une religion mésinterprétée , ont instauré des codes fondés sur la soumission légale de la femme à l'homme, l'inégalité des filles dans l'héritage, la polygamie, la répudiation. Pourtant, il ne date pas d'hier, le combat pour l'émancipation des femmes! Mais d'où vient qu'il soit si lent, si difficile à produire des résultats décisifs? Depuis le XIXe siècle, des femmes se sont levées pour ouvrir l'histoire au point où elle est apparemment la plus réfractaire, celui de leur propre émancipation. Quelques grands noms ont scandé cette geste. En France, de Simone de Beauvoir à Gisèle Halimi, les femmes n'ont eu de cesse de replacer la question de leur émancipation au coeur de l'évolution des moeurs culturelles, sociales ou politiques. Même dans un système démocratique où la gauche, réputée favorable à la libération féminine, est majoritaire, les désillusions sont amères. Par son exemple, Gisèle Halimi montre les difficultés insoupçonnées qu'une militante féministe rencontre dans le monde masculin de la politique (1). Voilà une