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Le prix de l'Europe

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publié le 23 mars 1995 à 2h33

Le prix de l'Europe

PAR DOMINIQUE WOLTON - Pourquoi l'Europe serait-elle au centre des débats de l'élection présidentielle puisqu'elle ne correspond à aucune expérience directe pour l'écrasante majorité des citoyens? Et n'a guère suscité l'enthousiasme de ceux qui, paysans, pêcheurs, ouvriers, en ont une expérience pratique!

Pendant quarante ans, elle a été l'affaire des 350.000 personnes qui l'ont construite, avec l'accord tacite des opinions publiques et des gouvernements pour deux raisons: le souvenir de la guerre et l'existence d'un ennemi commun, le communisme.

Mais brusquement, l'ennemi s'est effondré tout seul, et pour éviter la déstabilisation du continent, Maastricht a accéléré le passage à l'Europe politique avec notamment le suffrage universel. D'un seul coup on est passé de l'Europe des 350.000 à celle des 350 millions. On en est là. L'Europe ne peut plus avancer sans l'assentiment du plus grand nombre. Mais cela ne suffit pas à mobiliser l'enthousiasme des citoyens qui par ailleurs supportent de moins en moins les remontrances et les injonctions de l'élite pro-européenne. Les grands projets comme la monnaie unique ou la réforme des institutions sont trop loin de la vie de chacun. D'où la difficulté à faire émerger un débat politique sur l'Europe. Tout a été trop vite, sans correspondre à une expérience, ou aux clivages politiques traditionnels. Que faire? Créer de l'intérêt pour l'Europe, c'est-à-dire pour les autres, car le handicap, comme toujours, s'appelle l