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TRIBUNE

Incohérences occidentales

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publié le 30 mars 1995 à 1h37

Incohérences occidentales

PAR PASCAL BONIFACE S'il fallait apporter la démonstration de l'absence de logique de la communauté internationale, l'affaire tchétchène en serait une nouvelle illustration. Une fois encore, les principes que les puissances occidentales paraissent se fixer sont à géométrie variable en fonction des intérêts et des perceptions du moment. On peut, à propos de la guerre en Tchétchénie, soulever trois incohérences majeures.

Le soutien du processus de démocratisation de la Russie. On permet à Boris Eltsine ­parce qu'il serait démocrate, ce qui est largement sujet à caution­ de suivre une politique qui aurait déclenché une tempête de protestations si elle avait été menée par Gorbatchev et encore plus par Brejnev. C'est donc parce qu'il serait démocrate qu'Eltsine peut se permettre d'agir de façon sanguinaire et de bombarder des civils par milliers. Curieux paradoxe! Il en est un autre, consistant à le soutenir parce que, nous dit-on, il n'y a pas d'alternative, sauf à laisser Jirinovski risquer de prendre le pouvoir. Or, justement, ce dernier est l'un des rares hommes politiques à soutenir Boris Eltsine à Moscou. Et dans la capitale russe, on n'hésite pas à se montrer beaucoup plus sévère à l'égard du maître du Kremlin qu'on ne l'est dans le monde occidental. Sans compter qu'accepter les yeux fermés toute action de Boris Eltsine ­comme le font surtout Allemands et Américains­ n'est pas la meilleure façon de l'amener à changer d'attitude. Sachant qu'il a dro