Vendredi 31 mars, 20 heures. Un journal télévisé ordinaire. Au sommaire: la confirmation de la liquidation judiciaire des époux Tapie, le dernier épisode de l'affaire Schuller, les réactions aux condamnations des responsables de la catastrophe de Furiani. Près des deux tiers du temps d'antenne ont ainsi été consacrés à l'actualité judiciaire. La multiplication des «affaires» n'est pas la cause unique d'un tel envahissement. Le mouvement est plus large et vient de plus loin: la justice occupe dorénavant une place centrale dans notre société, transformant en profondeur les formes mêmes de la démocratie.
La justice dont il est question ici n'est pas celle des faits divers. Certes, le spectacle des passions humaines donne toujours son sens à l'actualité judiciaire. Et le tribunal reste un lieu de catharsis existentielle, montrant à tous une humanité fragile, dominée par ses démons, toujours proche de basculer dans l'aventure ou dans la démesure.
Cependant, au-delà des pathologies du lien social, c'est à des impératifs de régulation sociale et politique que renvoie maintenant, pour l'essentiel, l'exercice de la justice. L'heure n'est plus seulement à la punition des crimes. On se préoccupe désormais de répondre à deux demandes sociales fondamentales: la désignation des responsables des dysfonctionnements sociaux et l'évaluation morale du personnel politique.
Il y a tout d'abord une nouvelle demande d'imputation dans notre société. La catastrophe du stade Furiani comme celle du san