L'insuffisance de la non prolifération nucléaire
par Pascal BONIFACE Le 12 mai 1995, les 178 Etats-parties au Traité de non-prolifération (TNP) des armes nucléaires l'ont prolongé de façon illimitée par consensus.
La non-prolifération des armes nucléaires est un objectif majeur pour la stabilité mondiale présente et future. Rendre perpétuel le texte qui représente la meilleure protection ne peut qu'être salué positivement. Mais si le renouvellement illimité du TNP était nécessaire, il n'est pas suffisant.
La principale contradiction du dispositif ne réside pas dans le caractère inégalitaire du TNP qui interdit aux uns la possession d'armes nucléaires qui est permise à cinq Etats. Cette disparité réelle est acceptée par tous. Personne n'a forcé les 173 Etats non nucléaires à signer le TNP ni à en accepter la prolongation. Ils préfèrent une inégalité qu'ils peuvent regretter au gigantesque désordre que représenterait la prolifération, bien plus lourde de conséquences pour eux. L'incohérence vient donc du fait que l'objectif de non-prolifération, qui est de l'intérêt de chacun mais avant tout des pays non nucléaires, apparaît surtout comme une revendication des pays dotés d'armes nucléaires. En conséquence, ces derniers doivent «offrir» des concessions répondant aux exigences de pays non nucléaires.
Paradoxalement, en insistant autant sur le caractère illimité du renouvellement du TNP, les Etats nucléaires ont peut-être privilégié leur intérêt à court plutôt qu'à long terme.
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