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Libération
TRIBUNE

Les trois fautes du budget Juppé

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publié le 24 juillet 1995 à 6h49

Vilipendé par la gauche, imposé de force à la droite, le budget

rectificatif ne mériterait sans doute point tant d'indignité, quoiqu'il soit loin d'être irréprochable. Il aurait en tout cas mérité un débat qui aille au-delà des slogans, car il introduit quelques innovations appelées à un grand avenir, gâchées par des erreurs qui risquent de perdurer. Bref, les vraies faiblesses du budget Juppé ne sont pas là où l'on croit.

Oui, Alain Juppé a raison de vouloir combattre les déficits. Il aurait peut-être même mieux fait de présenter un budget rectificatif en excédent. Et cela, non pas pour coller aux très contestables critères de Maastricht. Mais tout simplement parce qu'il n'est pas convenable d'accumuler, en période de reprise économique, des déficits qui pèseront dramatiquement quand les vaches maigres reviendront. Mais non, l'augmentation des prélèvements n'était pas la seule solution pour lutter contre les déficits. Les économies budgétaires en sont une autre. Alain Juppé a risqué une innovation: une coupe de 8 milliards dans le budget des armées. Une bien trop prudente innovation: c'est là sa première faute. Il est en effet plus que temps pour la France de «recueillir les dividendes de la fin de la guerre froide». Au lieu de quoi, on reprend les expériences nucléaires (contre qui?), alors qu'on avoue être incapable de transporter mille hommes à Gorazde. Et les 8 malheureux milliards économisés sont déjà accusés de favoriser le Front national dans les villes de garnison o