Les habitants de Sarajevo vont entrer bientôt dans leur quatrième
hiver de siège. Depuis des mois, la ville survit sans eau et sans électricité. Les moindres gestes de la vie quotidienne se laver, s'habiller, se nourrir, s'éclairer sont devenus un calvaire. Tout le monde est astreint à la corvée d'eau, laquelle expose ceux qui l'effectuent au tir des snipers et, chaque jour, même dans les périodes de calme, plusieurs personnes sont tuées ou blessées. Les rares produits disponibles sur les marchés sont inabordables pour la majorité de la population. Les rations alimentaires distribuées par l'ONU ne suffisent pas, et de très nombreux enfants souffrent de carences et de malnutrition. Mais par-dessus tout, les Sarajéviens, astreints à des conditions dégradantes, sont moralement épuisés et, enfermés là comme dans un gigantesque camp, se sentent abandonnés du monde entier. Dans cette cité qui fut un foyer de culture et de coexistence entre juifs, musulmans et chrétiens, le désespoir gagne lentement les esprits et les éloigne irrémédiablement de l'Europe à laquelle ils pensaient appartenir et qui leur a claqué la porte au nez. Depuis trois ans et demi, l'Occident tolère cette infamie; soyez, Monsieur le Président, celui la fera cesser.
Vous avez eu, à propos de la chute de Srebrenica et de Zepa, des paroles justes et dignes qui tranchaient sur les propos lénifiants de votre prédécesseur, François Mitterrand. Vous avez, de concert avec les Britanniques, créé la Force de réaction rap