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Libération
Portrait

Jim Lovell, l’astronaute qui n’a jamais aluni

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Il a attendu vingt-quatre ans avant de raconter ces six jours passés entre la vie et la mort à bord d’Apollo XIII. Du livre de l’Américain, Ron Howard a tiré un film qui sort aujourd’hui à Paris.
publié le 8 novembre 1995 à 10h29

«Ce que j’ai vu de plus beau dans l’espace ? Evacuation d’urine sur fond de coucher de Soleil.» Dans le petit monde de ce que l’optimisme volontariste des années 60 appelait la «conquête spatiale», cette phrase célèbre est en général attribuée à «un cosmonaute», sans préciser. Trente ans après, l’astronaute américain qui totalise le plus grand nombre d’heures de vol de son pays ­ mais bien en deçà des prouesses soviéto-russes­, qu’un accident grave à bord de la capsule Apollo XIII a fait entrer dans l’Histoire comme l’homme-qui-n’a-pas-marché-sur-la-Lune, assume la paternité de cette image : «C’était lors de mon voyage sur Gemini VII. Quand nous avons rejeté nos urines dans le vide, elles se sont transformées en une nuée de cristaux innombrables, qui scintillaient comme des étoiles minuscules.» La découverte de la face cachée de la Lune, en orbite, reste cependant son souvenir le plus prenant.

Jim Lovell a la forme. Sexagénaire à la simplicité toute yankee, il n’hésite pas un instant à prendre la pose acrobatique que lui propose notre photographe, expliquant avec un clin d’œil : «Toutes ces années d’entraînement physique, il en reste bien quelque chose !» Celui dont le monde entier avait suivi, haletant devant le petit écran, le retour périlleux vers la Terre, après que l’explosion d’une réserve d’oxygène eut endommagé le fragile esquif sur lequel il devait atteindre la Lune en compagnie de Jack Swigert et Fred Haise, sillo