L'histoire de cet illusionniste qui sait merveil- leusement bien
escamoter n'importe quoi sur scène, les lapins, les serpents, les foulards, mais qui ne rêve que d'une chose: faire disparaître la femme qui est là sur scène avec lui. Il a tout essayé sans succès. Mais un jour, lors d'un tour banal de prestidigitation, la salle éclate en applaudissements. Etonné il se retourne la femme a disparu. Il ne sait ni comment il a réussi ni comment la faire réapparaître. Toute sa vie il cherchera la clef de cette disparition, le secret de cet enchantement.
Pradel, cet autre illusionniste de la télévision, cet autre virtuose de la disparition. Sous couleur, dans Perdu de vue, de rechercher quelques disparus, que fait-il d'autre que de nous faire disparaître? Il nous signale que nous sommes tous des disparus en puissance, comme pour la police nous sommes tous des suspects en puissance. Il nous révèle lui caché derrière l'écran et les images que les vrais disparus, ce sont les millions de téléspectateurs assistant médusés à son tour de passe-passe et s'identifiant de toutes leurs forces à celui qu'on recherche espérant de toutes leurs forces être découverte et arrachés à leur inexistence: donc proprement effacés de la circulation. Et que la démonstration plus ou moins ratée de l'émission (mais ça n'a aucune importance, elle est toujours simulée) replonge pour une semaine dans le néant de leur anonymat.
«Nous sommes tous des disparus» ainsi pourrait s'intituler l'émission de Pradel. Et