La conférence de Barcelone sur la Méditerranée obéissait à un
double impératif. Il s'agissait, d'une part, d'élargir la zone d'expansion marchande de la communauté européenne dans le contexte de la globalisation en cours, autant pour éviter l'intrusion d'une concurrence qui viendrait d'outre-Méditerranée que pour empêcher l'émergence, au Sud, de pôles potentiellement antagonistes à l'égard du Nord. Sur ce dernier aspect, l'exemple asiatique a longuement été analysé ces dernières années, et la stratégie actuellement mise en oeuvre constitue comme un écho aux lamentations entendues voilà deux ans dans pratiquement tous les pays européens sur le danger des «délocalisations», du «salaire pas cher» au Sud, etc. Il sera possible pour l'Europe d'influer sur le développement économique du Sud et, le cas échéant, de l'orienter selon ses intérêts. Car l'accord de libre-échange propose, outre une déréglementation des politiques publiques, une libéralisation de la circulation des produits manufacturiers totalement favorable à l'Europe. Les produits agricoles, particulièrement ceux du Maroc, qui auraient pu permettre à ce pays d'accéder librement aux marchés du Nord, sont pour l'instant hors négociations. Il n'y aura donc pas de «dragons» en Méditerranée...
Pourquoi les pays du Sud ont-ils donc accepté cette proposition? La réponse est triviale: asphyxiés par la dette, ils ont non seulement besoin d'un ballon d'oxygène financier (prévu par l'accord), mais ont également un intérêt vital à