De toute évidence, les grèves et les manifestations de décembre
n'ont pas été dirigées d'en haut, et les états-majors politiques et syndicaux paraissent aussi étonnés que le gouvernement par le succès des mobilisations. Trois grands phénomènes de nature différente se fondent dans ces grèves.
Le premier d'entre eux est celui d'une agrégation de défenses corporatistes et professionnelles. Il est inutile de cacher que toute réforme du système de protections sociales, de la santé et des retraites, porte atteinte à des situations acquises dans le vaste monde des employés et des ouvriers du secteur public. De ce point de vue, le mouvement est une mosaïque d'intérêts divers dans laquelle les mieux placés se défendent le mieux grâce à leurs capacités de blocage. (...)Si toutes ces défenses particulières se mêlent aujourd'hui, c'est parce qu'elles peuvent s'identifier à la survie d'un service public qui, depuis quinze ans, a fait des efforts de modernisation considérables à travers un double mouvement de rationalisation et de décentralisation. On peut sans doute trouver que cet effort est inachevé et incomplet, mais il reste qu'il a été accompli à la base et payé par la «base» où les conditions de travail se sont souvent dégradées. Au-delà du travail lui-même, c'est l'image du service public qui paraît menacée dans une société où son développement a toujours été identifié, parfois de manière «magique», à l'unité de la nation. La fermeture d'une gare, d'une école ou d'un bureau de post