Affichage électronique de la dette publique américaine à Time Square
un chiffre astronomique de quelque milliers de milliards de dollars et qui augmente au rythme hallucinant de 20 000 dollars par seconde. Affichage électronique à Beaubourg des millions de secondes qui nous séparent de l'an 2000. L'un, le chiffre du temps, diminue régulièrement. L'autre, celui de l'argent, augmente vertigineusement. L'un est un compte à rebours qui tend vers la seconde zéro. L'autre, à l'inverse, tend vers l'infini tous les deux impliquant, au moins dans l'imaginaire, une catastrophe: celle, dans le cas de Beaubourg, de l'épuisement du temps; celle du passage de la dette dans l'exponentiel et d'un crash financier mondial dans le cas américain.
En fait, cette dette ne sera jamais remboursée. Aucune dette ne sera remboursée. Les comptes définitifs n'auront jamais lieu. Si le temps, lui, nous est compté, les capitaux absents, eux, sont au-delà de toute comptabilité. Si les Etats-Unis sont déjà en rupture virtuelle de paiement, cela n'aura pas de conséquence il n'y aura pas de Jugement dernier pour cette banqueroute virtuelle. Il suffit de passer dans l'exponentiel ou dans la virtualité pour être dégagé de toute responsabilité, puisqu'il n'y a plus de référence, de monde référentiel auquel se mesurer.
C'est une situation tout à fait nouvelle que cette disparition de l'univers référentiel. Quand on contemple le tableau d'affichage sur Broadway, dont les chiffres s'envolent, on a l'impression