Menu
Libération
TRIBUNE

Eloge de la volonté politique

Article réservé aux abonnés
publié le 16 février 1996 à 1h15

«Première gauche» contre «deuxième gauche», «amis des exploités»

contre «amis des exclus»... Dans ces mêmes colonnes, Michel Wieviorka (Libération du 29 janvier) nous condamne à l'enfermement entre nationalistes et «néo-républicains» (la raison, le progrès et, bien entendu, la générosité étant sans doute réservés aux mondialistes libéraux?). En fait, on a oublié de mettre en perspective l'événement de décembre 1995. Pourtant, en six mois de chiraquisme, la France vient d'encaisser deux crises majeures, qui révèlent l'état des lieux.

Souvenons-nous de cet été de bombes. La mise au jour du «réseau Kelkal» annonçait une jonction entre l'islamisme radical d'outre-Méditerranée et la crise des banlieues de nos mégapoles. La France se trouvait face à la pire des échéances: régler d'un coup la facture des deux déchirures que les gouvernements successifs ont laissé s'élargir depuis quinze ans. Entre le Nord et le Sud, et au sein même de la société française. La facture de la guerre du Golfe et la facture de Maastricht.

Facture de la guerre du Golfe? Certains avaient dit et répété que la loi du «deux poids, deux mesures» appliquée à l'Irak ne pouvait que discréditer les idéaux de démocratie et de droit international, ridiculisant, aux yeux des masses du tiers monde, les démocrates de leurs propres pays qui s'étaient identifiées aux valeurs occidentales. Aujourd'hui, les jeunes révoltés de 1988 sont la chair à canon de la guerre civile algérienne, en face d'un pouvoir militaire soutenu